Peut-on mettre marc de café, dosettes et filtres au compost ?

Le marc de café peut se composter sans problème, à volonté. Il est ni toxique, ni trop acide, ni magique. C’est un biodéchet équilibré. Découvrez pourquoi !

Avec près 300 000 tonnes de café consommées par an en France (soit près de 5kg par adulte), la France est dans le top 10 des plus gros consommateurs de la boisson énergisante à base de cette graine torréfiée. Une bonne partie serait bue à la maison. Une bonne raison pour s’intéresser au devenir de ses résidus une fois consommé. 

Le marc de café, un biodéchet équilibré à composter à volonté

Le marc de café est le résidu de la percolation du café. Il contient de l’azote et plusieurs sels minéraux comme le magnésium, le potassium, également du cuivre et du phosphore. 

Le rapport carbone/azote (C/N) du marc de café est de 24/1, c'est-à-dire que dans sa composition on trouve 24 fois plus de carbone que d’azote. L’azote contenu en quantité limitée (2%) se libère lentement et donc sans risque de déséquilibre pour le compost

Tous les déchets organiques contiennent ces deux éléments chimiques, Carbone (C) et azote (N), mais dans des proportions différentes. Le bon mélange pour un compostage optimal et sans nuisance est un rapport C/N de 25 à 50, car les microorganismes décomposeurs consomment 25 à 50 fois plus de carbone que d’azote. 

La matière fraîche riche en azote (rapport C/N entre 1 et 50) concerne les déchets verts, humides, relativement souples et jeunes : les déchets de cuisine et les végétaux jeunes (tonte de pelouse…). Ces matières sont décomposées facilement et rapidement par les bactéries qui en ont besoin pour se développer. Pour résumer, l’azote est source de vie, en tant qu’élément fondamental pour la composition de la matière vivante, c’est pourquoi il est nécessaire dans le compost pour le développement des bactéries comme dans le sol pour la croissance des plantes.

En trop grande quantité, cette matière fraîche très fermentescible donne un compost trop humide, qui sent mauvais, qui chauffe trop et qui perd ses qualités agronomiques (manque d'aération et décomposition anaérobie). C’est pourquoi on apporte au compost de la matière sèche dite carbonée et structurante, car elle va éviter le tassement des déchets (risque d’asphyxie) et absorber l’excès d’humidité.

La matière sèche riche en carbone (rapport C/N entre 50 et 400) concerne les déchets bruns, secs, relativement rigides et âgés : bois, feuilles mortes, paille, papier et carton. Ces matières sont lentement décomposées par les champignons. Pour simplifier, le carbone organique est source d’énergie, en stockant l’énergie solaire sous forme de sucre, de cellulose et de lignine. Cette énergie est nécessaire pour les décomposeurs du compost qui en consomment une partie, alors que le reste sera libéré dans l’air sous forme de CO2 et surtout transformé en humus qui stockera le carbone dans le sol. 

Avec une dominante de matière sèche peu fermentescible (rapport C/N du compost > 50), le risque est que la dégradation des déchets pendant le compostage soit plus longue. En effet, si le rapport C/N est trop faible en azote, le compost ne chauffera pas. 

Ainsi, on comprend pourquoi il faut varier le type de déchets pour avoir un mélange optimisé pour un rapport C/N du compost proche de l’idéal, et surtout respecter l’équilibre entre la matière fraîche (2 tiers) et la matière sèche (1 tiers). L’ajout de matière équilibrée dans le compost comme le marc de café peut se faire à volonté

Le marc de café est donc un produit bien équilibré pour le compost, source d’humus à la fois nutritif et structurant. C’est pourquoi il peut être ajouté au compost sans risque d’excès. 

C’est aussi pourquoi certains se servent directement du marc de café comme engrais pour leurs plantes (pratique non vérifiée scientifiquement, à vos risques et périls, nous préférons réserver le marc de café au compost). 

Autres bienfaits du marc de café dans le compost

Astuce de grand-mère, le marc de café est un bon désodorisant naturel. En plus d’apporter de la matière équilibrée à vos biodéchets, il va absorber une partie des émanations issues de la décomposition. 

Il semble également que certains décomposeurs soient sensibles aux résidus de caféine présents dans le marc de café. C’est notamment le cas pour les vers de terre. Le marc de café les aiderait à digérer la matière organique et stimulerait leur activité. Le marc de café agit ainsi comme un activateur naturel de compost

Compostez uniquement les dosettes et filtres à café en papier 

Les dosettes et filtres en papier sont composés de cellulose, matière organique riche en carbone (formule (C6H10O5)n). Mélangé avec le marc et les autres déchets, la cellulose se décompose naturellement sans problème dans le compost

Attention à ne surtout pas mettre dans le compost les capsules rigides de café (Nespresso, Senseo, etc). Ces capsules dites compostables ou biodégradables ne sont en réalité dégradables qu’à un niveau industriel avec des températures élevées et constantes pendant la durée du compostage (60º à 70º), environnement inatteignable dans un composteur domestique (25º en moyenne). Le label OK Compost indique de manière insidieuse la possibilité de composter les matériaux dans une installation industrielle, avec dégradation sans résidus de métaux lourds. Mettez les à composter dans votre jardin et vous retrouverez les emballages encore quasi intacts 3 ans plus tard.

De plus, un emballage dit “biodégradable” peut être biosourcé (bioplastique à base d’amidon de maïs par exemple) mais pas toujours. Il peuvent être d’origine pétrochimique comme le PCL, pourtant vendu comme biodégradable. 

Si certains matériaux sont affichés comme aptes au compostage domestique, les essais en conditions réelles montrent des résultats variables. L’ADEME recommande un durcissement des exigences de normes sur la compostabilité des bioplastiques et également sur la clarté des mentions de communication vers les consommateurs.  

D’une manière générale pour le compost et pour limiter l'empreinte carbone de sa consommation de café, il est préférable d’éviter les cafetières à dosettes et privilégier les machines qui utilisent le café directement moulu ou en grain, sans emballage additionnel : machine traditionnelle à filtre, percolateur, cafetière à piston (bodum ou French Press), cafetière napolitaine…

Aller plus loin pour limiter l’impact du café sur l’environnement

Originaire d'Ethiopie, l’arbuste caféier est aujourd’hui cultivé dans des pays au climat tropical en Afrique, Amérique du Sud et en Asie du Sud-Est. Le café est encore largement issu de monocultures relativement lointaines. Les labels bio et commerce équitable permettent de limiter sensiblement les dégâts. 

Une étude de 2013 intitulée “Carbon Footprint Across the Coffee Supply Chain : The Case of Costa Rican Coffee” avait estimée l'empreinte carbone à près de 5kg d’équivalent CO2 (CO2e) pour 1kg de café produit au Costa Rica et consommé en Europe : 33% pour la production (engrais chimiques, ressources en eau…), 5% pour le transport, 16% pour la transformation et distribution (emballages, marketing…), 43% pour la consommation (électricité, machines automatiques, filtres, eau...) et 3% pour le traitement des déchets. 

Alors que l’impact carbone d’une production délocalisée pèse relativement peu dans la balance écologique du café, le choix du mode consommation compte énormément. Les machines à faible consommation, les secondes mains et les systèmes les plus simples auront nécessairement le plus faible impact. La bonne vieille cafetière italienne ou à piston reste le système le plus écologique. Seule contrainte pour la French Press : utiliser une passoire tamis pour récupérer le marc, ou verser le résidu avec son eau directement sur le tas de compost au jardin (sans passer par l’étape bioseau, sinon on risque de “noyer” les autres biodéchets).  

Rien de mieux pour l'environnement qu'un petit qawa avec la french press ou l'italienne.

‍Enfin, pour les puristes de la consommation locale et les aventureux de nouvelles expériences, il existe de nombreuses alternatives au café (et au thé) issues de productions locales : alors que la chicorée fait son grand retour dans nos placards (merci l’ami Ricoré), citons aussi le café d’orge, le café d’épeautre et le sarrasin torréfié. De parfaits succédanés au café à base de céréales faciles à cultiver en France. 

Sources : 

Wikipédia

compostage.info

Composts et Paillis, Denis Pépin 

citeo.com

Ademe.fr

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