Engrais pour le gazon : quel engrais et quand le mettre ?
Les plantes ont besoin d’une vingtaine d’éléments nutritifs qu’elles puisent dans le sol sous forme minérale. Le compost les contient tous.
Pour avoir une belle pelouse, il faut l’entretenir. Si la tonte et l’arrosage automatique sont discutés et bousculés par des pratiques alternatives de plus en plus en vogue dans les jardins (pelouse sauvage, tonte différenciée, mulching…), il est certain que prendre soin de la pelouse avec un engrais naturel renforce la santé des plantes, participe au bon développement des jeunes pousses et du système racinaire afin d’avoir une herbe bien dense, robuste et verdoyante.
Le gazon est par définition une étendue d’herbes, tondue relativement courte, dans un but purement décoratif ou sportif. Il est composé d’un mélange de graines d’espèces différentes, essentiellement des graminées vivaces (ray-grass anglais, fétuque, pâturin…), dont les propriétés varient et sont savamment mélangées par les fabricants en fonction du type de sol, du climat et de l’usage visé :
un parc public ou un terrain de foot privilégiera la résistance au piétinement avec un gazon rustique riche en ray-grass anglais ;
un parterre fleuri y ajoutera des fleurs (trèfles, pâquerettes, coquelicots…);
un jardin de maison choisira un gazon d'ornement bien vert et dense, etc.
L’histoire de la pelouse, à l'origine entretenue “naturellement” par le bétail dans les prés communaux, fut lancée par l’aristocratie du 18ième puis récupérée par la noblesse voulant imiter les jardins à la française, puis à l’anglaise, comme une expression de la domination de l’homme sur la nature et plus encore un luxe de pouvoir consacrer une partie des ses terres à des fins purement esthétiques. S’il se distingue d’une prairie sauvage par son aspect artificiel et son côté pratique propre aux sociétés humaines, le gazon demande a priori de l’entretien :
Arrosage, pour garder son aspect bien vert car le gazon est forcément exposé en plein soleil ;
Tonte, pour favoriser la croissance de l’herbe et la densité du couvert végétal ;
Désherbage des adventices (les mal nommées “mauvaises herbes” qui sont plutôt des plantes concurrentes opportunistes), pour laisser place à la croissance des graminées sélectionnées pour la pelouse ;
Ajout d’engrais ou de fertilisant qui améliore la santé des herbes, facilite leur croissance et augmente leur résistance aux maladies et ravageurs.
L’ajout d’engrais est donc une opération importante dans le travail du jardinier, mais il faut s’intéresser à tous les aspects de l’entretien du gazon pour bien comprendre l’intérêt et les bénéfices multiples qu’apporte un engrais naturel commele compost, en tant qu’engrais nutritif complet et amendement qui améliore le sol sur le long terme.
Quel est le meilleur engrais pour le gazon ? Le compost !
La plupart des engrais chimiques ou organiques concentrés stimulent la croissance de la pelouse en l’aidant à absorber les éléments et l’eau plus rapidement. Cela crée des pics de croissance, augmente la consommation d’eau et oblige à tondre la pelouse plus régulièrement. De plus, toute l’énergie de la plante étant mise au service de sa croissance, celle-ci se fait au dépend de sa résistance face aux maladies et ravageurs.
S’il existe différents types d’engrais, organiques ou chimiques, en fonction du type de pelouse, du climat, de la période, de la qualité du sol et des objectifs attendus (spécial croissance et coup de fouet, action anti-mousse, résistance à la chaleur…), ils sont à manier avec précautions et exigent de bien connaître la nature des plantes semées et les propriétés du sol pour éviter les problèmes, le surdosage et la dégradation du terrain.
Le compost mûr est un engrais naturel qui joue un rôle global et sans risque pour le sol et pour les plantes. Contrairement aux engrais chimiques ou organiques solubles, la libération des minéraux contenus dans le compost se fait plus lentement et indirectement, car ils doivent d’abord être digérés par les microorganismes du sol, qui les rendent ensuite assimilables par les plantes. Le processus suit un rythme plus naturel, au fil des saisons, et s’inscrit dans le temps long et le respect de l'écosystème sol-plante.
Le compost est un très bon engrais pour le gazon au printemps
L’ajout de compost mûr au début du printemps, période de réveil et de croissance des végétaux, libère les éléments minéraux rapidement disponibles pour les micro-organismes du sol et pour les plantes dans les quelques semaines ou mois après son apport. Lorsqu’il est riche en azote et en sucres fermentescibles, issus des déchets de cuisine notamment, le compost dispose de tous les éléments nutritifs pour répondre aux besoins des végétaux : azote, phosphore, potassium, calcium, magnésium, soufre ainsi que divers oligoéléments (fer, cuivre, manganèse, zinc…).
Le compost est un parfait amendement pour le gazon à l’automne
Un compost équilibré contient également une part importante de matière riche en carbone (lignine et cellulose issues du bois, des feuilles…), qui se dégrade plus lentement par d’autres organismes du sol, notamment les champignons. Cette matière agit plus durablement sur la structure du sol et contribue plus lentement à nourrir les plantes. C’est pourquoi on peut également épandre du compost à la surface de la pelouse à la fin de l’été, pour régénérer la matière organique du sol et favoriser la création d’humus.
Cette libération lente des éléments par le compost, qui suit une minéralisation en deux temps, permet de nourrir ainsi la pelouse à court et à long terme tout en agissant sur les propriétés agronomiques du sol dans la durée, notamment sur le complexe argilo humique vital dans le processus de formation et de régénération du sol : taux de matière organique et d’activité biologique, granularité et argilosité permettant le développement des systèmes racinaires, porosité et capacité de rétention d’eau, de résistance au gel, de fixation des éléments et plus globalement la productivité du sol.
Les multiples bienfaits du compost pour la pelouse.
En plus d’être un engrais organique complet et un amendement puissant, le compost réduit les besoins en arrosage et diminue le risque de maladies et parasites. On vous explique ci-dessous pourquoi.
Le compost limite les besoins en arrosage
L’apport de compost de manière régulière (2 fois par an, au printemps et à l’automne) sur une pelouse va enrichir la qualité du sol sur le long terme. En agissant en surface et en profondeur sur la structure du sol, son taux d’humus et sa perméabilité à l’eau, il joue un rôle majeur dans la capacité du sol à stocker l’eau et à conserver une humidité naturellement disponible pour les microorganismes et les végétaux.
Sur un sol trop compact où l’herbe pousse difficilement et l’eau ruisselle, comme une terre argileuse ou limoneuse, l’apport de compost en surface permet d’assouplir le sol et de l’aérer en favorisant le travail de la microfaune et macrofaune (vers de terre, cloportes, bactéries, champignons…) qui labourent la terre et créent un réseaux de galeries souterraines. Ainsi l’eau s’infiltre plus facilement et se stocke dans les agrégats d’humus qui pompent l’humidité et forment une terre grumeleuse, relativement grasse, moins exposée au manque d’eau.
Au contraire, sur une terre légère et sableuse, le compost permet de structurer le sol en liant et agrégeant les éléments sableux. Le compost favorise le développement des bactéries et des champignons qui tissent un réseau de filaments avec les racines des plantes, créant une cohésion du sol par symbiose et mycorhize. Avec l’apport de compost la terre devient ainsi moins poreuse et retient mieux les eaux de pluie et d’arrosage qui avaient tendance à partir en profondeur.
Un sol riche en humus peut stocker jusqu’à 20 litres par m2 en réserve utile ! C’est la quantité d’eau que le sol peut absorber et restituer aux végétaux.
Le compost améliore la santé de la pelouse et du sol
L’apport de compost épandu à la surface du gazon augmente l’activité biologique du sol. Les microorganismes présents dans le compost et dans le sol se multiplient pour digérer et transformer la matière (sucres, nutriments, etc) en humus. La grande quantité et diversité de décomposeurs entre en concurrence directe avec les bactéries et champignons pathogènes responsables des maladies des plantes, qui n'ont plus l’énergie ni le temps de se développer.
De la même manière qu’un microbiote intestinal en bonne santé abrite des milliards de micro-organismes chez l’humain pour jouer pleinement ses fonctions digestives, métaboliques, immunitaires et neurologiques, un sol qui offre de bonnes conditions de développement et une alimentation équilibrée aux micro-organismes permet de maintenir un écosystème capable de détruire les pathogènes et parasites des plantes et du sol (pourritures, rouille…).
Encore une fois, le compost favorise la biodiversité dans le sol et la symbiose des organismes qui le composent. Un sol vivant est un sol en bonne santé qui donne les conditions optimales aux végétaux pour se développer et mieux se protéger des parasites, au fil des années.
Le compost diminue l’acidité du sol
Le compost mûr, issu des déchets de cuisine et de déchets ligneux (végétaux, broyats de bois…) a un pH compris entre 7 et 9. Il est donc légèrement basique, ce qui permet de réguler les sols acides, et évite naturellement son acidification. Il ne nécessite pas d’ajouter des amendements minéraux basiques (carbonates, chaux…).
Quel type de compost est idéal pour la pelouse ?
Le compost issus majoritairement de déchets de cuisine est un bon engrais car il est nutritif, naturellement riche en azote et en éléments disponibles rapidement pour les microorganismes et les plantes. Tout comme le fumier ou le lombricompost, il convient comme engrais organique à utiliser au printemps pour favoriser la croissance de la pelouse. Attention cependant à limiter les quantités (1 à 2 litres maximum par m2), au risque de “gaver” la pelouse et de la rendre plus sensible aux maladies.
Par opposition au compost nutritif, on parle de compost structurant lorsqu’il est composé majoritairement de déchets verts et fibreux riches en lignines et cellulose (bois, brindilles, feuilles…). Il améliore fortement la structure du sol pour assouplir la terre, favoriser les champignons et créer un humus stable. Il convient pour la création d’un jardin, où le sol a besoin d’être amendé avant d’y créer une future pelouse, l’année suivante. Il est par ailleurs moins nutritif pour les plantes, et il peut même créer une “faim d’azote” en monopolisant la faible proportion d’azote disponible uniquement pour les microorganismes et non pour les plantes.
L’idéal pour la pelouse est d’utiliser un compost équilibré, issu d’environ 2 tiers de déchets de cuisine et 1 tiers de matière sèche riche en lignine (broyat de bois..), qui sera à la fois nutritif pour les plantes et structurant pour le sol.
En entretien d’une pelouse, il faut privilégier pour la pelouse un compost tamisé avec un criblage fin (entre 0 et 10 mm), pour retirer les parties pas assez décomposées (brindilles, noyaux…) et s’assurer que le compost épandu soit bien mûr, fin et émietté, à même de se mélanger facilement au sol à travers le gazon, et de libérer rapidement les éléments minéraux pour les micro-organismes et les plantes.
Quelle quantité de compost pour la pelouse et quand l’épandre ?
Au moment de la création d’une pelouse, il est pertinent d’apporter du compost bien mûr au sol pour favoriser la croissance des graminées : 5 à 7 litres de compost par m2, ajouté à la surface du sol avant de semer la pelouse.
En entretien d’une pelouse, l’apport de compost permet de stimuler la croissance du gazon et de lui apporter les bienfaits à les tous les niveaux pour maintenir un sol et une pelouse en bonne santé : 0.5 à 1 litre de compost par m2, ajouté à la surface du sol au début du printemps et/ou à la fin de l’été. Pour une pelouse vieillissante et mal en point, privilégiez un apport de 1 à 2 litres par m2 et 2 fois par an. Il est préférable de passer le scarificateur sur le gazon avant d’épandre le compost, afin d'éliminer la mousse en surface et d’aérer le sol pour faciliter l’incorporation du compost.
Pour l'achat de compost équilibré issu de dechets alimentaires, vous pouvez vous en procurer directement auprès d'un producteur de compost autour de chez vous ou alors sur notre site internet. Attention au compost vendu en jardinerie ou grande surface spécialisée, il est souvent issu de déchets verts et moins riche en diversité d'éléments nutritifs.
Autres alternatives écologiques pour entretenir sa pelouse
Le retour des pelouses hautes et des prairies fleuries.
Ne pas tondre sa pelouse, au moins en partie en laissant certaines zones de hautes herbes ou en ne tondant que les allées, favorise la biodiversité. Les pelouses hautes constituent un habitat de prédilection pour les insectes, les lézards, certains oiseaux…
Adopter la tonte raisonnée ou différenciée, c’est préserver la faune et la flore, et limiter le travail du jardinier.
Une pelouse sauvage laisse naturellement pousser les adventices, abusivement appelées “mauvaises herbes”, qui sont pourtant des plantes mellifères qui produisent de jolis fleurs sauvages (pissenlit, trèfle, pâquerette, marguerite, reine des prés…) indispensables aux insectes pollinisateurs qui se régalent de leur nectar : abeilles, papillons, bourdons…
Enfin, en créant de l’ombre à la base des brins d’herbe et en captant l’humidité de la rosée du matin, les pelouses hautes sont plus résistantes à la sécheresse.
Les bienfaits du paillage et du mulching
Le paillage consiste à recouvrir le sol de paillis, comme une litière composée de débris de végétaux (paille, feuilles mortes, fragments de bois…) qui sert à protéger le sol du tassement, de l’érosion, de la sécheresse, du gel, à limiter les herbes indésirables et à abriter la vie du sol.
Pour optimiser l’action du compost, voire le remplacer, il est conseillé de recouvrir le compost d’un paillis. Le paillis de déchets verts favorise davantage le développement de la microfaune et macrofaune du sol que le compost. C’est pourquoi c’est un très bon complément au compost, et même une solution alternative au compost pour les plantes peu gourmandes et moins exigeantes que celles du potager.
Si le paillage est salvateur pour toutes les plantes du jardin, il doit être utilisé avec précaution pour la pelouse. C‘est tout l’intérêt du mulching : la tondeuse mulching coupe l’herbe en petits fragments, la hache et la dépose sur le gazon tondu pour la laisser se décomposer sur le sol, comme un paillis d’herbe sèche broyée qui va servir à la fois de paillis et d’engrais naturel à la pelouse.
La tonte mulching évite ainsi le ramassage et permet d’alimenter la pelouse en azote. L’herbe est protégée de la sécheresse et sa couleur verte est plus éclatante. Par contre l’herbe ne doit pas être coupée lorsqu’elle est trop haute ou trop humide, au risque d’asphyxier le gazon et de favoriser au contraire les adventices.
La tonte mulching est donc une très bonne alternative à l’épandage de compost. Difficile à mettre en œuvre de façon systématique, il est possible d’alterner les tontes en mulching et en ramassage avec une tondeuse multifonction dotée d’un bac amovible.
- Sources :
- - Composts et paillis. Pour un jardin sain, facile et productif. Denis Pépin
- Zéro intrant au jardin ! Pour un jardin écologiuqe et automne en permaculture. Jean-Yves Meignen
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